18.02.22

À l’épreuve des tempêtes

Lahav Shani a guidé les "Berliner" à travers le concert de la Saint-Sylvestre. Et voici qu’il revient à Baden-Baden

Pour sauver le concert de la Saint-Sylvestre 2021 des Berliner Philharmoniker, Lahav Shani a pris en charge au dernier moment la direction d'orchestre à la Philharmonie. Ce fut un plongeon dans l’eau froide pour ce jeune artiste, - et pour l'orchestre le vent providentiel dont il avait besoin pour naviguer.

Le programme de Lahav Shani au Festspielhaus, le 19 février 2022, démontre à nouveau que l'eau froide et les vents ne lui font pas peur : à la tête du Rotterdam Philharmonic Orchestra, il dépeindra le calme de la mer avec « Meeresstille und glückliche Fahrt » (« Mer calme et heureux voyage ») de Mendelssohn d'après les poèmes éponymes de Goethe, avant de faire rugir des tempêtes impressionnantes dans la salle du Festspielhaus avec la « Symphonie écossaise » du même compositeur.

Pour ce concert, Lahav Shani se produit à la fois comme chef d'orchestre et comme pianiste. Un double rôle dans lequel il s’est déjà montré très convaincant lors de ses débuts sur la scène du Festspielhaus en 2019. Durant le mouvement lent du concerto pour piano n° 23 de Mozart, il berce le public dans une ambiance romantique sur les douces vagues de la sicilienne. Ce concerto compte parmi les plus belles œuvres de Mozart.

Dans le rôle du chef d'orchestre, il entreprend avec son orchestre un voyage à travers des eaux calmes ou tumultueuses et des décors impressionnants :

Dans « Mer calme et heureux voyage », le batelier est assis dans son embarcation et attend. Pas un souffle de vent, pas une vague qui viendrait frapper la proue - le bateau est immobile comme la mer elle-même. Pour le batelier, c'est insupportable, mais pour l'auditeur l'œuvre de Mendelssohn, dans sa première moitié, a un effet apaisant, proche de la transe. Or voilà que petit à petit, une légère brise se lève. Joie anticipée et enthousiasme s'emparent du batelier. Bientôt, il pourra hisser ses voiles et s'approprier la force de la nature. La brise légère se transforme en un vent qui permet au batelier de mettre enfin son bateau en mouvement. L'anticipation se transforme en pur bonheur, car enfin il peut tracer à nouveau son chemin au gré des courants.

Dans sa « Symphonie écossaise », Mendelssohn fait souffler les vents froids du nord, la pluie fouette les airs, des nappes de brouillard se lèvent et le tonnerre gronde dans la salle de concert. Dans cette œuvre, cependant, il ne décrit pas seulement les violentes tempêtes de l'Écosse, mais aussi ses impressions très personnelles de ce pays aux paysages grandioses qu'il a visité en 1829 avec un ami.

Avec leur programme du 19 février 2022, Lahav Shani et le Rotterdam Philharmonic Orchestra emmènent leurs auditeurs dans un grand voyage depuis la chaleur méridionale jusqu’aux brumes nordiques - un voyage avec des tableaux peints par la musique.