16.01.24

Le bonheur en jeu

La chef d'orchestre Marie Jacquot fait ses débuts au Festspielhaus avec Leonidas Kavakos et l'Orchestre symphonique de Vienne

Un voyage sonore à travers la profondeur émotionnelle du romantisme russe jusqu'aux sonorités captivantes du romantisme tardif autrichien du 20e siècle attend le public du concert du dimanche 21 janvier au Festspielhaus de Baden-Baden. Pour ses débuts au Festspielhaus avec l'Orchestre symphonique de Vienne, la chef d'orchestre française Marie Jacquot a choisi la "Sinfonietta pour grand orchestre op.5" d'Erich Wolfgang Korngold. Le virtuose grec Leonidas Kavakos interprète le concerto pour violon de Peter Tschaikowsky.

De la raquette de tennis à la baguette de chef d'orchestre

Pendant longtemps, le tennis a marqué la vie de la Française Marie Jacquot, qui a même participé à l'Open de France junior. Bien que ce talent multiple né à Paris n'ait été qu'à un pas d'une carrière dans le sport professionnel, elle a troqué sa tenue blanche de tennis contre le noir feutré de la carrière de musicienne. Sa véritable vocation revendiquait son droit, car depuis son enfance, Jacquot faisait également de la musique et jouait du trombone. Et Marie Jacquot a opté pour la musique et la direction d'orchestre : Elle a assisté Kirill Petrenko et est aujourd'hui premier chef d'orchestre invité de l'Orchestre symphonique de Vienne. En été 2024, elle occupera également le poste de chef d'orchestre principal du Théâtre royal danois de Copenhague. Parmi les distinctions qu'elle a reçues figurent le "Ernst-Schuch-Preis" 2019 ainsi qu'une nomination en tant que "Newcomer de l'année" aux International Opera Awards. Interrogée sur les raisons de son changement, elle a donné la réponse suivante au Deutschlandfunk: "Le but de la musique est de partager quelque chose - c'est autre chose que d'être en quelque sorte le meilleur, le plus rapide".

Un collier de perles de difficultés techniques

Au programme du 21 janvier au Festspielhaus figure le concerto pour violon de Peter Tschaikowsky. Considéré comme un chef-d'œuvre de la musique romantique, il constitue un défi virtuose pour tout soliste. Leonidas Kavakos, l'un des violonistes les plus demandés au monde, fascinera le public de Baden-Baden par sa technique impressionnante et son expression sonore incomparable. Dans ce concerto, le violon joue un rôle beaucoup plus virtuose que dans les concertos de Beethoven ou de Brahms. Il n'y a pas un seul passage difficile à l'aune duquel le soliste est jugé, ici les épisodes techniquement exigeants s'enchaînent comme les perles d'un collier de perles : des courses techniquement difficiles, des doubles cordes et le jeu dans un registre extrêmement élevé. Le point culminant est la grande cadence en solo au milieu du premier mouvement. Après un deuxième mouvement soutenu et un va-et-vient entre des sections rapides et virtuoses et des sections calmes et mélancoliques dans le dernier mouvement, le concerto pour violon de Tchaïkovski débouche finalement sur une conclusion éclatante.

Une passion aux sonorités puissantes

Le deuxième point du programme du concert dominical est la Sinfonietta pour grand orchestre n° 5 d'Erich Wolfgang Korngold. Korngold, connu aussi bien comme compositeur pour le cinéma que pour l'opéra, a créé avec la Sinfonietta une œuvre d'une énergie incomparable et d'une passion aux sonorités puissantes. Le terme "Sinfonietta", c'est-à-dire "petite symphonie", est tout simplement un euphémisme, car l'œuvre en quatre mouvements, d'une durée de trois quarts d'heure, est une symphonie à part entière, tant par sa conception que par la somptueuse formation orchestrale de style romantique tardif, avec deux harpes, un célesta, un piano et un tuba basse. La première représentation, le 30 novembre 1913 à Vienne, fut un succès sensationnel qui entraîna des représentations dans toute l'Europe et en Amérique. En ce qui concerne l'inventivité, le traitement harmonique délicat du matériau et la souveraineté artisanale, le compositeur Korngold, âgé de 15 ans seulement, s'est montré courageusement à la hauteur de son époque. Par moments, on a l'impression de retrouver l'élan impétueux d'un poème symphonique de Richard Strauss. La Sinfonietta laissait déjà entrevoir qu'Erich Wolfgang Korngold savait aussi enivrer par son opulence sonore à large spectre dans ses créations ultérieures - et qu'il se considérait toujours comme un représentant de la modernité, malgré toutes les performances musicales pionnières que l'on pouvait observer à la même époque.

L'orchestre symphonique de Vienne interprète l'œuvre sous la direction de Marie Jacquot.Ils font partie des principaux orchestres du monde et jouissent d'une reconnaissance internationale pour leur excellence musicale.Depuis plus de 120 ans, l'orchestre façonne la culture sonore unique de sa ville natale et se distingue également depuis toujours par sa proximité avec le public. L'Orchestre symphonique de Vienne est un invité de marque dans les grandes salles de concert internationales et, en tant qu'Orchestre en résidence du Festival de Bregenz, il enthousiasme le public depuis de nombreuses décennies.